Innovation, cas pratique : de l’éducation vers l’emploi

CGqeuW1WQAAYEn3.png-large J’ai participé la semaine dernière, à un hackathon organisé par l’association Cartes Blanches sur le thème de l’orientation post-bac et professionnelle. Comment les nouvelles technologies peuvent-elles permettre à chacun de donner du sens à son parcours ? 24h d’inspiration, de créativité et de rencontres, que je vous propose de revivre à mes côtés. Phase 1 : Inspiration Ça commence en milieu d’après-midi, par une session d’inspiration qui pose le cadre du problème et nous aide à entrevoir quels seront les enjeux dans le futur qui émerge. Les speakers se succèdent pour nous parler prospective, analyses chiffrées et histoires vécues. Un mélange intéressant qui me permet d’apprécier le sujet dans sa globalité. Les LED, « Lumières Émergentes pour Demain » sont autant d’intervenants qui nous livrent en quelques minutes une « clé d’orientation » en s’appuyant sur leurs propres parcours. Parmi les conseils, la plupart font consensus sur ce qui est important pour s’épanouir dans sa vie professionnelle :

  • se connaître : quels sont mes talents ? qu’est-ce que j’aime faire ?
  • s’informer et s’inspirer, nourrir sa tête et son coeur,
  • donner du sens à ce que l’on fait : « ça permet d’oser. C’est comme une force supplémentaire qui nous pousse. »

En filigrane transparaissent des visions d’un monde qui change, et beaucoup de questionnements. Les métiers du futur n’existent pas encore, on ne peut pas s’y former. Quel est l’avenir de l’emploi ? L’entrepreneuriat serait-il LA clé ? Chacun est-il en mesure d’inventer son propre métier, sur-mesure ? Faut-il vraiment chercher à vivre de sa passion ? Tout le monde a-t-il une passion ? Tant de sujets qui tourbillonnent dans ma tête à l’issue de la phase d’inspiration. Finalement, elle aura peut-être soulevé plus de question qu’apporté de réponses, c’est là sa richesse. La partie conférence terminée, on se rapproche de l’action avec l’exposition des cas pratiques. 15 entreprises ou associations viennent présenter leur problème ou leur projet sur lesquels nous travailleront pendant toute une journée. Là encore, des sujets reviennent :

  • Comment mettre en lien les jeunes avec des professionnels ?
  • Comment construire son projet professionnel ?
  • Comment développer des nouvelles compétences et les valoriser ?

Après le moment chaotique de formation des équipes, le travail peut enfin commencer !

Phase 2 : Recadrer le sujet Je suis dans l’équipe Nouveaux Chemins avec 4 autres personnes, dont Marie, la porteuse de projet. Marie est coach en entreprise, et elle s’interroge sur la manière dont elle peut démultiplier son impact grâce au numérique. Quand elle parle de sa vision, ses yeux brillent : « mon kif, c’est de faire de l’humain ! Comment faire de l’humain avec le numérique ? » Le défi semble énorme, mais son enthousiasme est communicatif ! J’adore ces moments de connexion où une personne ma parle de ce qui la fait vibrer intérieurement. A chaque fois, c’est comme une décharge électrique, pleine de vie, qui me donne la chair de poule. Je crois que c’est en partie pour ces moments que je souhaite travailler dans le domaine de l’orientation : pour apprendre à provoquer ces moments ! Le challenge est posé, stimulant. J’ai tout de suite envie d’inventer des idées, de dessiner une interface, d’imaginer des fonctionnalités, d’écrire un business model. Ça bouillonne ! Mais l’invitation des mentors est différente : pendant cette soirée, nous sommes encouragés à creuser le problème pour en comprendre tous les tenants et aboutissants et le resserrer au maximum. Je sais que c’est important, et je suis contente d’avoir la chance d’expérimenter ça. Heureusement que mes coéquipiers jouent le jeu jusqu’au bout ! C’était très difficile pour moi de ne pas partir directement dans l’émergence d’idées. Enfin nous arrivons à LA problématique : comment accompagner les managers à développer leur intelligence émotionnelle grâce au numérique ? Quand nous avons réussi à formuler cette phrase, le calme redescend sur le groupe. On le sens dans notre corps, c’est instinctif : c’est LA bonne question. L’énergie est au maximum quand nous nous quittons ce soir là !

Phase 3 : Des idées, plus d’idées ! Le lendemain, après une séance de méditation de pleine conscience, nous nous remettons au travail. Il s’agit maintenant de penser solutions ! A ce moment là, nous avons commencé un aller-retour incessant entre processus créatif et contenu, chacun y allant de sa manière de penser préférée. Nous avons donc abordé le sujet de manière très rationnelle : quel est le processus de coaching ? comment retranscrire chaque morceau via une application ? C’est comme si nous avions peur de nous laisser aller à des idées folles… Heureusement, après le repas nous croisons une mentor, qui nous remet sur les rails créatifs et nous donne le cadre nécessaire pour laisser émerger des idées plus nouvelles, moins évidentes. Ah, enfin nous touchons du doigt cet instant magique où le groupe dévoile sa puissance, avec les éclats de rires caractéristiques. On bouge, on dessine, on commence à préparer notre pitch. Tout s’enchaine. Puis arrive le stress du temps qui défile, le trac du pitch devant tout le monde, et l’euphorie du travail achevé. Ouf ! Phase 4 : Pitchs et conclusions Les pitchs s’enchainent, devant une salle endormie par la chaleur, et qui accuse le contrecoup de l’énergie créative dépensée les deux derniers jours. On sent qu’on a tous été coachés par les mêmes personnes. Finalement, le storytelling n’est pas une clé en soi. Comme toute technique, elle demande d’être maîtrisée pour être efficace… En écoutant la succession des pitchs, je ressens une impression étrange. Comme si nous avions tous les même ingrédients, les bons, mais que nous n’avions pas vraiment su les mélanger. J’ai l’impression que toutes les propositions tournent autour du pot, comme si peu de groupes avaient réussi à saisir l’essence de ces ingrédients pour en faire quelque chose d’original et de puissant. Seuls quelques groupes se détachent du lots : MyFutureActiv’action et JobIRL, qui ont chacun gagné les prix du public et du jury. Bravo ! Avant la remise des prix toutefois, des prestigieux speakers ont partagé leur point de vue sur l’avenir de l’éducation et de l’orientation. En introduction, le message était que le progrès viendrait d’une meilleure communication entre les jeunes, les acteurs de l’éducation et les entreprises. Des mots de conclusion, je retiens surtout que face à la « déconnexion des élites », face aux institutions qui décrochent, le changement viendra de nous, la foule, les citoyens, les utilisateurs. C’est un cercle vertueux. En permettant à chacun de mettre ses talents au service d’un sujet qui fait sens pour lui, on libère une splendide énergie créative et créatrice ! Alors go ! Y’a plus qu’à !

Dans le voyage de retour, je suis pleine de gratitude. Je repars vers Strasbourg pleine d’énergie, pleine d’idées, plus riches d’apprentissages sur le monde et sur moi-même. Merci le hasard, qui m’a fait découvrir cet évènement. Merci les organisateurs, pour nous avoir permis de vivre ce moment de création, d’inspiration et de rencontre. Merci les intervenants pour m’avoir inspirée. Merci mes coéquipiers Marie, Marine, Julia et Philippe ! Pour votre bonne humeur et votre écoute, pour le leadership tournant, pour les moments de créativité, merci !

Lily

(Crédit photos, dans l’ordre : @pole_emploi, @Julia_M_Levy, @Julia_M_Levy, @SuperJulieApps, @LaureMounier)

Innovation, cas pratique : de l’éducation vers l’emploi

J’ai visité l’usine du futur

J'ai visité l'usine du futur

Récit d’une visite du laboratoire I-cube et de la société IREPA Laser, organisée par la CCI Alsace.

L’industrie est la première source de valeur ajoutée en Alsace. L’enjeu actuel est donc de faire entrer les industries ‘’traditionnelles’’ dans le futur, pour conquérir les marchés internationaux et permettre à l’industrie alsacienne de rester compétitive.

Les participants à cette visite organisée par la CCI Alsace et l’école Télécom étaient surtout des industriels désireux de découvrir des nouvelles technologies prometteuses. Parmi eux, trois Brainstormers jouaient les touristes, à la découverte d’un milieu encore peu connu…

Les locaux du laboratoire I-Cube et ceux de l’école Télécom sont étroitement imbriqués. Cela s’explique par le décalage temporel entre la formation des enseignants et l’entrée des étudiants dans l’entreprise : environ 30 ans de décalage. La recherche au sein de l’école est donc indispensable pour garantir la qualité et l’utilité de la formation des étudiants. Un des challenges actuels que rencontre l’école : comment donner envie aux étudiants d’innover ? Placer des laboratoires et des entreprises innovantes au cœur même de l’école est l’une des réponses. La formation dispensée par Télécom vise à donner aux étudiants le plaisir d’innover, la capacité de persévérer, et grâce à cet état d’esprit, créer les conditions favorables à l’innovation dans les entreprises qui embaucheront les diplômés.

Nous avons visité trois plateformes : celle de IOT Lab (Internet of things), celle de In Virtuo et les locaux d’IREPA Laser. Malgré mes vagues souvenirs de bac S, beaucoup d’informations techniques m’ont échappées (notamment chez IOT Lab), mais je pense avoir réussi à percevoir l’essentiel.

Des objets qui se parlent

IOT Lab met une plateforme à disposition pour les laboratoires de recherche et les entreprises (comme Thales et Orange). La plateforme permet de tester la mise en réseau de plusieurs objets connectés, et vérifier la manière dont ils communiquent entre eux. Il y a plusieurs sites en France, ce qui permet d’effectuer des expériences dans plusieurs environnements différents, car la configuration est différente sur chaque site.

Les domaines d’application de ce genre de recherche sont essentiellement l’acheminement d’information, les économies d’énergies et la sécurisation. Par exemple, les capteurs peuvent mesurer la luminosité, le mouvement, ou encore la présence d’un gaz et transmettre l’information à un moniteur.

Les défis actuels de ce secteur sont la standardisation et le modèle économique. En effet, les protocoles standards qui permettraient de faire communiquer des objets connectés entre eux commencent seulement à se mettre en place. La règlementation européenne sera également nécessaire pour permettre au secteur de prendre son envol, par exemple dans le domaine des villes connectées. Enfin, le problème du modèle économique se pose aussi. Comme toutes les inventions, ces technologies devront trouver un business model (qui paye quoi ?) pour trouver une place dans la société et devenir des vraies innovations.

PicMonkey Collage

Sculpter une image numérique

Chez In Virtuo, nous avons testé une plateforme de réalité virtuelle. L’utilisateur est face à deux écrans, (l’un horizontal, en bas ; l’autre vertical) et est muni de lunettes ou de gants. Les lunettes lui permettent de voir l’image projetée en 3 dimensions. Jusque-là, rien de spectaculaire… Mais les lunettes sont également équipées de capteurs qui permettent de connaître la position exacte de l’utilisateur et de calculer la manière dont il voit l’image en fonction de ses mouvements. L’image se met à jour automatique, donnant l’impression qu’on tourne autour d’un objet présent physiquement dans la salle ! Avec les gants, c’est encore plus impressionnant : l’utilisateur peut se servir de ses doigts comme d’une souris, ou mieux, il peut sculpter directement l’image numérique en pinçant, tirant, poussant…

Les champs d’application sont nombreux :

  • L’imagerie médicale peut permettre au médecin ou au chirurgien de visualiser en 3 dimensions l’intérieur du corps du patient avant de l’ouvrir. Ou même d’enregistrer les gestes opératoires et de programmer un robot pour l’opération réelle…
  • Dans le domaine du prototypage industriel ou de l’architecture, ce type d’image peut servir à se rendre compte « en vrai » des aspects d’un objet ou d’un lieu avant de le fabriquer : par exemple, on peut voir la taille d’un habitacle de voiture, simuler les gestes sur une ligne de production, appréhender un espace…

Des lasers qui concurrencent les Jedis

IREPA Laser est un centre de recherche qui développe des technologies pour des entreprises clientes. Je pensais que la principale utilité du laser était celle du pointeur pour présentation PowerPoint, j’ai été surprise !

Chez IREPA, comme son nom l’indique, on se sert du laser à toutes les sauces. La principale utilisation est l’assemblage, sur des matériaux polymères ou sur du métal. Le laser peut en effet souder des matériaux de manière très fine et précise, ce qui est utile par exemple dans l’horlogerie de luxe.

Une des machines aux capacités impressionnante s’appelle MUSE. Cette merveille fait du micro usinage et de la texturation. Je n’ai pas retenu les termes techniques, mais ça parle de fentomètres et de pièces finies à regarder au microscope électronique. De la technologie de pointe ! Les champs d’applications sont tout aussi pointus : l’horlogerie de luxe encore une fois, mais aussi graver à l’intérieur d’un verre, ou reproduire des textures naturelles haut de gamme comme la peau de requin ou la feuille de lotus. Le but : fabriquer des matériaux aux propriétés quasi magiques : un maillot de bain qui ‘’va aussi vite’’ qu’un requin, une surface autonettoyante, antigivre, antibactérienne… Une technologie pleine de promesses !

La ‘’petite’’ dernière d’IREPA s’appelle BEAM. La spin-off est spécialisée dans l’additive manufacturing, c’est à dire l’impression 3D. Mais BEAM imprime… du métal ! Leader en France, la machine utilise de la poudre de métal et de la soudure laser pour ‘’imprimer’’ des pièces de moteurs d’avion ! Ce procédé de fabrication a l’avantage d’être plus précis et plus économe en matière que les méthodes traditionnelles, puisqu’il ne génère pas de chutes. On peut aussi réparer des objets en métal, comme des pièces de moteur d’avion qui jusque-là étaient jetées. Les pièces réparées volent déjà dans des appareils civils ou militaires, sans aucun problème.

Après la découverte de ces pépites technologiques, je n’ai plus aucun doute : oui, le futur s’invente aussi en Alsace !

J’ai visité l’usine du futur

Dissection horaire d’une journée créative

autumn momentsOn ne le dira jamais assez, la créativité n’est pas un saint graal réservé à une élite ultra créative et imaginative. La créativité concerne chacun d’entre nous, et c’est comme un muscle, ça s’entretient !

Alors oui, comme chez les sportifs, il y a certaines personnes pour qui le processus créatif sera plus naturel, pour qui la génération d’idées sera plus aisée. Si ce n’est pas votre cas, pas de panique, tout s’apprend ! La créativité sert à plein de choses dans la vie professionnelle ou même la vie de tous les jours, que ce soit pour trouver le futur nom de sa startup, inventer de nouveaux moyens de travailler en équipe ou tout simplement de trouver une idée de recette pour le soir avec ce qu’il y a dans le frigo.

Rassurez-vous, quel que soit votre potentiel créatif initial, il existe un tas de trucs, astuces et autres ruses pour booster sa créativité au quotidien. Et ça tombe bien, je vous explique mes préférées ci-dessous.

6h30 – Coffee time

De temps à autres, levez-vous une demi-heure plus tôt qu’à votre habitude. Prenez le temps de prendre un long petit déjeuner, de traîner en buvant votre café/chocolat/thé, faites les choses plus lentement. C’est important de prendre du temps pour vous, sans personne autour. Ça peut paraître un détail, mais éviter le rush du matin vous permettra de rêvasser, d’arriver au travail de bonne humeur (et à l’heure en plus, si ça c’est pas top), de penser à votre journée, de ce que vous avez envie de faire. Et pourquoi pas, puisque vous avez un peu plus de temps devant vous, de marcher jusqu’à votre lieu de travail plutôt que d’y aller en bus, mais on verra ce point plus tard.

8h15 – Question d’itinéraire

Changez vos habitudes ! La routine est le pire ennemi de la créativité ! Et pour ça pas besoin de partir à Honolulu ou de déménager (quoique ça marche aussi, même si ce n’est pas hyper pratique de déménager à chaque fois qu’on a besoin de remplir sa jauge de créativité) : il suffit de modifier son trajet. Pas besoin non plus de changer grand-chose, si vous êtes pressé simplement changer de trottoir fonctionne également ! Modifier son trajet permet de voir les choses sous un autre angle, de penser à d’autres choses, observer… et tuer l’ennui et la routine. Ce que je fais souvent aussi, c’est changer de moyen de transport. J’alterne entre le vélo, les transports en commun et mes pieds, en fonction du temps que j’ai et de mon humeur.

12h00 – Stop for lunch

Profitez de votre pause déjeuner pour surfer sur les comptes Instagram les plus inspirés ! Voici mes préférés, mais vous êtes le mieux placé pour fabriquer vôtre hit-list.

Internet regorge de blogs, profitez-en ! Quand un sujet vous intéresse, fouillez et trouvez autant d’informations que vous le pouvez !

17h00 – Bientôt fini !

La fin de la journée de travail approche, et pour peu qu’on soit vendredi, la concentration peut devenir compliquée. Mais ce n’est pas le moment de laisser son cerveau dériver, donc plutôt que de penser au weekend qui arrive (ou à la semaine qui suit si vous aimez anticiper), essayez un petit exercice. Laissez vos yeux se promener dans la pièce, et cherchez cinq détails que vous n’aviez jamais remarqué auparavant. Je parie qu’il y en aura bien plus que ce que vous auriez pensé de prime abord ! Et bien sûr, cet exercice fonctionne tout aussi bien où que vous soyez, et entraîne votre cerveau à être observateur, qualité très pratique lorsqu’il s’agit de créativité.

19h20 – Home sweet home

Je ne sais pas trop si je suis normalement constituée ou non, mais régulièrement j’ai le besoin irrépressible de changer un meuble de place ou de refaire l’organisation, d’un tiroir par exemple. Pas que je sois maniaque ou même ordonnée (si seulement…), mais je ne supporte plus une pièce quand elle reste trop longtemps sans bouger. Et comme pour la modification de trajet du matin, ça ne tient pas à grand-chose ! C’est une recette personnelle et assez expérimentale, mais testez et donnez-nous votre avis !

20h40 – Late surf on the internet

La créativité au quotidien c’est génialissime, mais bon, parfois il faut bien recharger les batteries et refaire le plein d’inspiration. Pour ça, il y a par exemple le Creative Day ! C’est le 11 juin prochain, à la Cité des Sciences et de l’Industrie de Paris.

Enfin bref, soyez aventureux, faites des choses que vous n’avez jamais faites juste parce que vous ne les avez jamais faites, parlez aux gens que vous ne connaissez pas, posez des questions, soyez curieux, rêvassez, saisissez les opportunités qui s’offrent à vous et acceptez la nouveauté et le changement, ce sont vos nouveaux meilleurs amis !

Dissection horaire d’une journée créative

Comment animer un atelier de créativité efficace et utile ? part 3/3

Atelier buzz & buzz Partie 1 : La préparation, rébarbatif mais indispensable Partie 2 : Produire des idées : quantité vs qualité

Aller plus loin que la génération d’idées

La créativité ne s’arrête pas à la génération d’idées. Produire des idées est une étape enthousiasmante, conviviale et ludique si l’atelier est bien animé. Pourtant, le vrai enjeu, c’est la mise en place, qui va effectivement résoudre le problème. Pour rendre cette étape plus facile, on peut surfer sur l’énergie dégagée par la génération d’idées en proposant une phase de convergence lors de la même séance de créativité : tri des idées, sélection.

Une fois ces idées sélectionnées, on peut commencer à les approfondir en petits groupes, via des concepts box, des scénarios, des affiches, n’importe quel moyen qui permet d’aller vers le concret. À ce moment là, ce qui est important (et délicat) c’est de donner le bon cadre pour permettre aux gens d’aller vers le concret en étoffant les idées déjà produites sans continuer dans la génération d’idées.

Enfin, à l’issue de la séance, qu’est-ce qu’on fait de toutes ces bonnes idées ? Selon l’organisation, on peut nommer par exemple une personne responsable de la mise en place pour chaque idée produite. Si les participants à la séance de créativité ne sont pas ceux qui vont sélectionner la bonne solution, ou l’appliquer concrètement, il reste important de prévoir une suite à l’atelier et de les en informer. Que va-t-il advenir de leurs idées ? Comment vont-ils être tenus au courant des avancées ?

Conclusion

Chaque étape du processus créatif comprend des pièges. Pour les éviter, d’après moi il est capital de rester au service de la résolution du challenge : est-ce un problème crucial ? la personne qui rencontre ce problème est-elle prête à consacrer de l’énergie à le résoudre et à implémenter les solutions qui vont être trouvées ? le problème nécessite-t-il la créativité de plusieurs personnes pour être résolu ? quelles idées originales, concrètes et réalisables pouvons-nous trouver ? comment pouvons-nous les trouver ? et comment les mettre en place concrètement ?

En gardant ces questions en tête et en pratiquant, pratiquant, pratiquant, vous pourrez animer des ateliers de créativité vraiment efficaces et utiles.

Pour aller plus loin :

  • La boîte à outils de la créativité, E. de Bono, ed. Eyrolles
  • Gamestorming, Dave Gray, Sunni Brown & James Macanufo, ed. diateino
  • L’esprit design, Tim Brown, ed. Pearson education
Comment animer un atelier de créativité efficace et utile ? part 3/3

A la découverte des Gangsters de l’entrepreneuriat social

sc-homepage-9J’ai eu la chance de découvrir la communauté MakeSense l’année dernière lors du forum européen de l’entrepreneuriat social qui a eu lieu à Strasbourg. Des gangsters (le petit nom mignon des Sense Makers) avaient débarqué de Paris et d’ailleurs pour présenter leur association, leur mission et par la même occasion donner un coup de pouce à des entrepreneurs strasbourgeois.

La mission de Make Sense est très simple : aider les entrepreneurs sociaux à résoudre leurs challenges en utilisant l’intelligence collective.

Comment ça marche ?

  1. Un entrepreneur social détecte un challenge dans son projet ou dans son organisation.
  2. Il soumet cette problématique à la communauté MakeSense.
  3. Les gangsters intéressés par la problématique se rassemblent lors d’un ‘’hold up’’.
  4. L’entrepreneur repart avec de nouvelles idées, des pistes de réflexion et un plan d’action. Et en plus, il a passé un bon moment avec plein de gens cools !

J’ai donc participé à un hold up pendant lequel on a aidé Rémy à trouver un slogan pour sa startup, Rêve aux lettres. Deux facilitatrices de MakeSense ont animé l’atelier, et ont guidé notre reflexion, à base d’une inondation de post-it, d’idées qui fusent et de bonne humeur.

MakeSense, c’est donc cette une communauté des Gangsters qui existe depuis maintenant quatre ans, mais c’est bien plus que ça !

SenseCube

Le Sense Cube est un accélérateur de projet à destination des startups issues de l’entrepreneuriat social. Le SenseCube de Paris est un endroit incroyable, rempli de meubles en carton et d’objets de récupération, où des tables de ping-pong remplacent les bureaux, et où se mélangent les porteurs de projet de la promo actuelle et les Gangster qui travaillent à MakeSense.

Toutes les deux semaines, les porteurs de projet se rencontrent, font chacun à leur tour le point sur leur projet, et expliquent les challenges auxquels ils font face. Les projets sont très variés, il y a par exemple Paris je t’aide, qui met en relation des bénévoles sur la capitale ; My Future, qui est une plateforme d’aide à l’orientation à destination des lycéens ; ou I Wheel Share, qui géolocalise les accès handicapés. Pour en savoir plus sur les projets du SenseCube, n’hésitez pas à visiter leur site internet !

SenseSchool

La Sense School permet aux étudiants d’apprendre, d’apprendre à innover en résolvant les challenges d’entrepreneurs sociaux. Un groupe de huit étudiants sélectionnés sur appel à candidature ont par exemple travaillé pendant trois mois sur la problématique de l’association Siel Bleu. Et là, ça va encore plus loin qu’un hold-up, puisqu’ils s’immergent dans l’association pour bien cerner les enjeux du challenge, et que les solutions imaginées sont testées sur le terrain.

MakeSense est présent un peu partout dans le monde, donc vous trouverez forcément des gangsters prêts à vous aider près de chez vous, ou des entrepreneurs sociaux à l’affût d’idées fraîches. Parce que bien sûr, au-delà de l’aide apportée aux projets, MakeSense connecte les gens entre eux, et contribue à construire une société plus collaborative et participative.

Pour en savoir plus sur Make Sense regardez leur vidéo en suivant ce lien, l’esprit de l’association y est très bien résumé !

En participant à des hold-ups ou en discutant avec des gangsters, la seule chose que je peux me dire c’est que c’est dans un monde comme ça que j’ai envie de vivre et de travailler, au milieu de toute cette énergie positive !

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A la découverte des Gangsters de l’entrepreneuriat social

Comment animer un atelier de créativité efficace et utile ? part 2/3

Dans la première partie de l’article, j’ai traité du premier challenge auquel se confronte l’animateur d’un atelier de créativité : la préparation. Dans cette deuxième partie, je vais expliquer le deuxième challenge que j’ai identifié, celui de la quantité d’idées produites contre la qualité. Comment contourner ce dilemme ?

2. Produire des idées : quantité vs qualité

DSCN3977Au cours de mon expérience, j’ai testé plusieurs outils différents : des techniques d’association d’idées, des techniques de pensée latérales, des outils qui impliquent des objets ou des images. Certains outils sont faciles à utiliser, d’autres conviennent mieux à des groupes habitués des séances de créativité. Mais j’ai constaté que souvent, les outils facile à appréhender sont aussi les moins efficaces, car justement ils vont chercher moins loin. Le principal piège auquel je me suis retrouvée confrontée, c’est d’enchaîner les questions « faciles » de ce type :

  • 10 manières de…
  • Comment ferait Astérix / Obama / un enfant ? (le consultant virtuel)
  • Quelles sont vos pires idées pour [challenge] , vos idées immorales ? (idées carton rouge)

Si on en reste là, souvent, on obtient à la fin de l’atelier seulement une vaste collection de post-its, certes remplie d’idées, mais pas forcément des idées nouvelles ni utiles. Ces questions sont utiles comme échauffement, ou pour produire une base d’idées à combiner.

Pour arriver à des idées plus originales, plus éloignées de nos habitudes de pensées, le plus efficace semble de recourir à des techniques de détour (concept modélisé par Edward de Bono). On peut utiliser la technique de l’entrée aléatoire avec un mot ou une image pris au hasard :

  • Quelle idée pour [challenge] se cache dans cette image ?
  • On choisit le mot « pomme ». Quel concept peut-on en retirer ? (ex : ça se mange, c’est sphérique, c’est bon pour la santé, ça tient dans une poche…). A partir de ce concept, quelle idée peut-on trouver pour [challenge] ?

La technique de la provocation est aussi très efficace pour produire des idées qualitatives. La provocation consiste à énoncer une idée folle, inconcevable (provocante), puis de l’utiliser pour rebondir et trouver une idée réalisable. Il y a une dizaine d’astuces pour trouver une provocation puis pour l’exploiter.  Cette technique, telle que je l’ai pratiquée plusieurs fois, est souvent difficile à faire utiliser à des débutants de la créativité (des personnes qui pensent ne pas être créatives et/ou qui n’ont pas l’habitude des ateliers participatifs). Mais c’est là qu’est tout l’intérêt ! Le challenge, c’est d’arriver à exploiter la créativité de chacun, qu’il soit novice ou aguerri du remue-méninges.

L’efficacité des techniques de détour réside dans le fait qu’on oblige le cerveau à s’éloigner de ses schémas habituels. Dans le cas des images, par exemple, on accède aux émotions (aussi possible avec de la musique ou de la mise en mouvement). Cela permet d’aller vers des idées plus irrationnelles, et donc plus créatives.

La première astuce consiste donc à alterner entre les outils plus faciles d’utilisation et ceux qui demandent plus d’efforts. Une autre astuce est d’alterner les temps de réflexion en groupe avec des temps de réflexion individuelle. Cela permet aux gens d’aller loin dans leurs idées, de les développer sans être interrompus. Cela réduit le risque de jugement (sauf celui de l’auto-censure), et permet à ceux qui sont plus introvertis d’avoir aussi leur place.

Comment animer un atelier de créativité efficace et utile ? part 2/3

L’innovation au service des nouvelles pédagogies

ecole 42

Une collaboratrice me racontait l’autre jour que lorsqu’elle demandait aux gens ce qui se cachait pour eux derrière le mot innovation, la première chose qui leur venait à l’esprit était la technologie. Et là, pour tous les néophytes de la technologie, le mot innovation devient un gros mot, une sorte de notion abstraite et obscure dont on ne se préoccupe pas.

Effectivement, l’innovation technologique constitue une part non négligeable de l’innovation. Mais qu’est-ce que vraiment l’innovation ? Voyons ce qu’en dit le Larousse. L’innovation, c’est « l’introduction, dans le processus de production et/ou de vente d’un produit, d’un équipement ou d’un procédé nouveau ».

Autrement dit,  lorsque le premier dentifrice en pastille a été commercialisé, c’était une innovation. Lorsque le premier téléphone tactile a été inventé puis mis en vente, c’était une innovation.

Cette semaine je vais donc me pencher sur un type d’innovation qui m’importe énormément, l’innovation pédagogique. Il y a quelques semaines j’ai eu la chance de visiter l’école 42 à Paris, et mes idées préconçues sur les écoles d’informatique ont pris une bonne claque dans la face.

Born to code

L’école 42, de sa devise « born to code », se base avant tout sur la passion de l’informatique et la volonté d’apprendre. Ainsi, seuls 30% des étudiants qui entrent en première année ont déjà codé. A l’entrée, il est ‘’seulement’’ demandé aux candidats d’être travailleurs, d’aimer le travail d’équipe, d’être de véritables passionnés et de ne pas avoir peur de l’incertain. Mais cela ne veut pas dire que le processus de sélection est simple à traverser ! Les candidats sont mis à rude épreuve lors de la traditionnelle ‘’piscine’’. La piscine, c’est un mois où les 3000 étudiants présélectionnés tentent d’obtenir une des 1000 places disponibles. C’est un mois de travail intensif 7 jours sur 7, à raison de 10 à 12 heures de travail quotidien, avec chaque jour des exercices à rendre pour le lendemain. Et pour pimenter encore un peu le défi qui est déjà de taille, les sujets sont susceptibles de changer jusqu’à la dernière heure (sinon c’est pas drôle).

L’effet wow

Chaque instant passé dans les locaux de l’Ecole 42 était rempli de surprises et de découvertes inattendues, tant à cause du fonctionnement de l’école qu’à tous les gadgets technologiques qui rythment les journées des étudiants.

Ça a commencé par le hall d’entrée, où l’arrivée de chaque étudiant est ponctuée d’un ‘’bonjour Jordan’’, ou encore d’un ‘’bienvenue Mike’’ enjoué. En arrivant dans les locaux de l’école 42, les étudiants scannent leur carte et tapent leur code secret, et sont salués par la borne automatique. Ainsi ne rentrent que les personnes inscrites à l’école, et le nombre d’étudiants présents dans le bâtiment est toujours connu. Nicolas Sadirac (le directeur de l’école) nous a d’ailleurs raconté à ce sujet que le moment de la semaine où il y avait le plus petit nombre d’étudiants présents dans l’école se situait aux alentours de quatre heures le dimanche matin, et que même à ce moment-là il en restait toujours… 150 !

Tout ceci fait partie de l’univers dans lequel baigne cette école, et selon moi participe à sa singularité, mais là n’est pas la véritable innovation. La véritable innovation réside davantage dans le fonctionnement même de l’école, et dans la manière de transmettre des connaissances et des savoir-faire aux étudiants.

L’école 42 est très proche des entreprises, le but étant de rendre les étudiants totalement opérationnels à la fin de leur formation. Ce qui apparemment a également le don de transmettre aux étudiants le virus de l’entrepreneuriat : s’ils ne sont que 1% à souhaiter développer leur propre business à l’entrée, 25% créent leur propre entreprise à la sortie.

Comment les étudiants sont-ils testés à la fin de leur formation ? Ils doivent répondre à la question ‘’fais un truc qui nous épate’’. C’est ainsi que de très beaux projets voient le jour, et que l’école 42 s’assure encore de beaux jours au pays de la nouveauté et de la pédagogie du futur.

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L’innovation au service des nouvelles pédagogies

Comment animer un atelier de créativité efficace et utile ? part 1/3

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Quand j’entends « créativité », l’image qui me vient c’est celle d’un groupe de gens assis autour d’une table couverte de post-its. Oui, mais la créativité n’est pas une question de post-its ! C’est une qualité intrinsèque de l’être humain, et aussi un besoin fondamental.

Ici, je vais parler de créativité dans le but d’innover. Dans un autre contexte, la créativité peut avoir simplement pour but de créer quelque chose de beau (pour les artistes par exemple). Ce qui m’intéresse, c’est explorer le côté innovation ; c’est à dire trouver des idées originales adaptées à un contexte réel. Les idées créatives doivent comporter une dose d’originalité, de nouveauté, et pouvoir trouver une réelle utilité, voir un marché.

J’anime des ateliers de créativité depuis environ deux ans. J’ai commencé en tant que bénévole à MakeSense, et maintenant c’est ce que je vends au travers de Brainstormers. Cette expérience m’a permis de prendre conscience de certains éléments essentiels qui font un bon atelier de créativité, c’est à dire qu’on en ressort avec des idées nouvelles, concrètes et réalisables. J’ai identifié trois challenges que les animateurs d’atelier de créativité doivent relever :

  • bien cerner le problème à résoudre,
  • équilibrer la qualité et la quantité des idées produites,
  • aller plus loin que la génération d’idées.

Je vais donner mes recommandations personnelles sur ces trois éléments, tirées de mon expérience et de mes lectures.

La préparation : rébarbatif mais indispensable

Comme dit plus haut, innover, c’est inventer quelque chose de nouveau qui va trouver son marché. La créativité commence donc avant la génération d’idées : le processus commence par la définition du problème. Il est important de se demander quel est le vrai problème qu’on cherche à résoudre. En définissant bien les objectifs de la séance de créativité et les contraintes auxquelles devra répondre la solution, on maximise les chances d’être efficace et de trouver une solution vraiment utile.

Pour moi, cette partie là est la plus difficile. Premièrement parce que ce qui m’amuse, c’est d’animer un atelier, pas forcément d’interviewer le bénéficiaire pendant des heures. Deuxièmement, parce que l’intérêt de cette partie d’interview n’est pas facile à faire percevoir au bénéficiaire de la séance de créativité. Il y a aussi le risque de s’apercevoir qu’on est en train de s’attaquer à un faux problème, ou à un problème qui ne nécessite pas forcément la créativité de plusieurs personnes pour être résolu. Et ça, ce n’est pas facile à admettre…

Pour résumer, les objectifs de cette préparation sont de vérifier : est-ce que le problème qu’on cherche à résoudre est un problème important ? A-t-on besoin d’idées nouvelles, créatives, pour le résoudre (ou simplement d’une analyse plus poussée, de parler avec un expert, ou autre…) ?

Pour apprendre à équilibrer la qualité et la quantité des idées produites et aller plus loin que la génération d’idées, rendez-vous dans un prochain article…

Comment animer un atelier de créativité efficace et utile ? part 1/3